Petite histoire du vol à voile

On le sait, au club Saint Exupery, le planeur tient une place particulièrement appréciée. Cela est dû bien sûr à la facilité de mise en route des petits planeurs de début, aux nombreux concours et sélections organisés qui mobilisent le plus grand nombre de nos membres, mais aussi et surtout à la beauté et l'élégance de ces machines aux lignes et aux tailles souvent impressionnantes. Faire un vol à la recherche de thermiques, effectuer quelques figures de voltige "qui sifflent " ou une approche et un atterrissage réalistes, tels sont les quelques plaisirs, parmi bien d'autres, que l'on peut s'offrir en faisant voler des planeurs.

Les qualités de vol et l'esthétisme de ces derniers sont le fruit d'une histoire, l'histoire de l'aviation et en particulier l'histoire du vol à voile.

Premières tentatives de vols non motorisés

 Le premier vol relevant du vol à voile, c'est à dire de l'utilisation des courants ascendants de l'atmosphère, est dû au Français Jean-Marie Le Bris, qui, s'inspirant des vols des oiseaux, construisit en 1856 un grand planeur dont le fuselage en forme de barque était pourvu d'ailes galbées. Essayé une année plus tard près de Douarnenez au moyen d'une remorque entraînée par un cheval, face à un vent violent, cet appareil, portant Le Bris, parcourut environ 200 m en s'élevant d'une centaine de mètres. En 1865, un autre Français, Louis Mouillard, auteur de l'ouvrage "Le vol des oiseaux " qui a inspiré les pionniers du plus lourd que l'air, effectua sur un planeur de sa conception, un vol d'environ 45 mètres. 

Otto Lilienthal

Le terme "vol à voile " fut utilisé pour la première fois par l'Allemand Otto Lilienthal (1848-1896). Grâce à ses 18 types de planeurs différents, il effectua plus de 2000 vols, à partir de hauteurs naturelles d'abord, puis en 1893 à partir du toit de son hangar.

Ses machines, en osier recouvert de toile cirée, ne possédaient pas de gouvernes, et donc étaient contrôlées, comme les deltaplanes actuels par balancement du corps du pilote qui permettait de modifier le centre de gravité.

Les frères Wright

 

Il faudra attendre les 2 Américains et leur Flyer 3 pour voir apparaître le principe du gauchissement des ailes, de la dérive et d'une profondeur avant, permettant le pilotage sur 3 axes.

Les bases de l'aviation étaient jetées, puisqu'ils effectuèrent, en motorisant en 1903 un de leur planeur, le premier vol moteur.

Une fois le vol-motorisé maîtrisé, on ne porta plus guère d'attention au vol plané ; mais après la première guerre mondiale, les Allemands, auxquels le traité de Versailles interdisait de fabriquer des avions à moteur, se tournèrent vers la construction et le maniement des planeurs.

 L'entre deux guerres 

La Wasserkuppe, dans le massif de la Rhön, fût, dès les années 20 le berceau du vol à voile allemand, grâce aux " Rhönwettbewerbe " qui permirent de passer des sauts de puces aux vols de longue durée : des planeurs comme les SG38 ou F.S.3-Besenstiel aux performances limitées font place à des modèles plus évolués comme le Grunau Baby.

Le concepteur de ce dernier, Schneider-Grunau, s'était fixé comme but de construire un planeur simple d'utilisation et peu onéreux. En 1934 et 1935, son Grunau Baby était le planeur le plus utilisé du monde …

 

Si des vols de plusieurs heures utilisant les courants des pentes étaient en 1922 possibles, ce n'est que dans les années 30 avec l'apparition du variomètre (instrument indiquant si l'appareil monte ou descend) que les pilotes exploitèrent les ascendances thermiques dont ils soupçonnaient déjà l'existence. Deux ans après qu' un dénommé Max Kegel se retrouva involontairement aspiré dans un thermique, le pilote Robert Kronfeld réussit à spiraler dans une telle ascendance, résolvant ainsi le problème des vols de longue distance.

Les constructeurs développèrent aussi des planeurs aux plages de vitesses plus étendues, à la surface alaire plus importante (la finesse passant de 20 à 35 en 1938). Ils apportèrent également des modifications au niveau de la construction et du montage, permettant par exemple de fermer le cockpit tout en augmentant les angles de vues du pilote.

Parallèlement, en France, naissait le Centre National de Vol à Voile, à la Banne d'Ordanche en Auvergne :

Le premier vol y a été exécuté par Monsieur Sautez (découvreur du site et Président de la section vol à voile de l'Aéro-club D'Auvergne) en 1931 avec un planeur A 10. Invité à donner son avis sur le site de la Banne, le champion incontesté du vol à voile, Robert Kronfeld, autrichien de naissance, fit plusieurs séjours en Auvergne. Pour lui, notre centre était très prometteur et valait le massif de la Rhön.

La France et l'Allemagne étaient alors au coude à coude et de la Banne d'Ordanche à la Wasserkuppe on rivalisait autant de technique que d'audace. On copia les formules des meilleurs (comparer le Wien de Kronfeld et le 41 P de Nessler).

 

La deuxième guerre mondiale marqua la fermeture du centre en 1940. Le site fut définitivement abandonné en 1945, pour ne plus être fréquenté actuellement que par les modélistes.

Les planeurs modernes

 En 1951 des concepteurs allemands aux noms illustres (Wortmann, Eppler et quelques autres) se penchèrent sur l'utilisation de nouveaux matériaux censés supplanter les classiques bois et toiles : la fibre de verre.

Le but premier était de rendre les ailes plus lisses et plus solides ceci permettant l'utilisation de profils laminaires donc moins épais et plus performants (meilleure finesse, plus rapides).

Le premier prototype, construit par l'Akaflieg de Stuttgart était un planeur de 16 m, d'une finition impeccable : le FS 24 Phœnix. Il effectuera son premier vol en 1957.

Le premier planeur tout plastique construit en série (600 exemplaires) fût le fameux Glasflügel - Libelle toujours utilisé depuis 1964, au club de Haguenau par exemple.

Le Libelle fût suivi par le célèbre ASW 15, de la non moins célèbre firme allemande Schleicher, qui produisit sous la direction de l'ingénieur Waibel la série des ASW, sous la direction de l'ingénieur Kaiser les ASK, et plus récemment les ASH de l'ingénieur Heide.

 

Cette dernière, produisit d'autres machines de renom dont, dans la même série des ASW, l'ASW 19 qui servit de base à la conception du magnifique Pégase et qui en est la version française améliorée grâce à son nouveau profil.

Parallèlement , au pied de la Teck près de Stuttgart, un autre grand constructeur, Schemp-Hirth, développa des planeurs performants comme le Discus, le Ventus et un biplace, le Janus.

Petits et grands …

 

 Quasiment tous les planeurs présentés ici existent ou ont existé en modèle réduit. La construction d'une maquette précise et réaliste nécessite évidemment une bonne connaissance de l'engin réel. Mais attention : si les modélistes se basent sur les machines grandeurs pour fabriquer les leurs, il est arrivé également que les modèles réduits aient précédés leurs " grands frères ". Des concepteurs comme Eppler ou Nägele ont tiré profit, dans les années 60, de leur expérience en maquettes pour développer l'utilisation de la fibre de verre renforcée. Les modèles réduits ont eux aussi, par un juste retour des choses, bénéficié de cette révolution technique.

Plus récemment en France, un planeur comme le Crystal a été d'abord conçu puis expérimenté en maquette avant d'être réalisé en grandeur nature.

L'histoire future du vol à voile est donc à suivre de près, puisqu'elle nous indiquera de même l'évolution de notre passion qu'est le planeur radiocommandé..

 

Mauler Jean-Michel

avec la précieuse aide de Muller Olivier

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